FO:MM/05/Inf.6
COFO 2005/9

RÉUNION MINISTÉRIELLE SUR LES FORÊTS
DIX-SEPTIÈME SESSION DU COMITÉ DES FORÊTS

Rome, Italie, 14-19 mars 2005

CONTRIBUTION DU SECTEUR FORESTIER À LA RECONSTRUCTION ET À LA REMISE EN ÉTAT
APRÈS LE TSUNAMI

Historique

1. Le séisme et le tsunami qui ont ravagé les pays de l’océan Indien le 26 décembre 2004 resteront en mémoire comme l’une des pires tragédies humaines de l’histoire. Ces catastrophes naturelles ont fait plus de 200 000 morts et ont ravagé les moyens d’existence d’environ cinq millions de personnes en Asie du Sud-Est et en Afrique de l’Est. Les régions touchées se trouvent dans les pays suivants: Bangladesh, Inde, Indonésie, Kenya, Madagascar, Malaisie, Maldives, Myanmar, Seychelles, Somalie, Sri Lanka, République-Unie de Tanzanie, Thaïlande et Yémen.

2. La communauté internationale a répondu avec des dons publics et privés d’une générosité sans précédent pour venir au secours des victimes de la catastrophe. Les Nations Unies estiment qu’au total 6,3 milliards de dollars EU ont été promis, engagés ou fournis, dont près de 1 milliard en réponse à l’"appel éclair" lancé par les Nations Unies le 6 janvier 2005. Cet appel traduit les efforts d’une quarantaine d’institutions des Nations Unies et d’organisations non gouvernementales pour planifier et mettre en œuvre une stratégie de secours d’urgence efficace et coordonnée durant les six premiers mois. Cet appel englobe, entre autres, les secteurs suivants: coordination, alimentation, santé, eau et assainissement, habitations, éducation, reprise économique et infrastructure, agriculture, environnement, protection des droits de l’homme.

Réponse globale de la FAO à ce jour

3. Dans la semaine qui a suivi la catastrophe, la FAO a engagé 1,5 million de dollars EU de ses propres fonds pour évaluer les besoins et soutenir la reprise en Indonésie, dans les Maldives, au Sri Lanka et en Thaïlande. Dans le cadre de l’appel éclair des Nations Unies, elle a invité à fournir 26,5 millions de dollars supplémentaires pour soutenir les efforts de redressement dans les pays le plus gravement touchés – Indonésie, Maldives, Myanmar, Seychelles, Somalie et Sri Lanka – et 2,5 millions de dollars EU pour des activités régionales en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

4. La majorité des victimes de la catastrophe vivait de l’agriculture et de la pêche ou était employée dans des activités connexes. Avec ses propres fonds ou avec les crédits engagés par des donateurs, la FAO a rapidement envoyé des experts sur le terrain pour évaluer les dégâts et les pertes dans les secteurs de l’agriculture et des pêches et aider les gouvernements à planifier et coordonner le redressement rapide de ces secteurs. Plus récemment, la FAO a envoyé du personnel et des consultants chargés de fournir une aide similaire dans le secteur forestier. Au total, l’Organisation a déployé plusieurs fonctionnaires et plus de 70 spécialistes régionaux et internationaux de diverses disciplines pour aider les pays touchés. Elle a recruté des coordonnateurs des secours d’urgence pour l’Indonésie, les Maldives et le Sri Lanka et un coordonnateur régional chargé d’assurer la coordination nécessaire au sein de la FAO et avec les pays et les principales parties prenantes. L’Organisation fournit également une aide directe aux agriculteurs et aux pêcheurs notamment sous forme de trousses d’outils de réparation des bateaux et de pièces de moteurs pour les bateaux de pêche, de filets et autres engins de pêche, de semences et d’outils agricoles, et de réparation de l’infrastructure de drainage et d’irrigation. Le rôle de la FAO est particulièrement important en ce qui concerne la fourniture de matériel spécialisé et l’aide apportée dans les zones touchées mal desservies par les autres organismes.

5. Il est clair à présent que le principal avantage comparatif de la FAO et son rôle essentiel dans l’effort de construction, aux yeux des pays touchés, des partenaires et des donateurs, sont la fourniture d’orientations et de spécifications techniques et la coordination dans les secteurs des pêches, de l’agriculture et des forêts et ses programmes dans les domaines connexes (nutrition, régime foncier, etc.). La coordination entre les intervenants dans les pays est cruciale car le niveau sans précédent des dons et le nombre d’interlocuteurs comportent un risque d’excédents d’approvisionnements et d’assistance inappropriée et fragmentée. La FAO s’efforce également d’améliorer la coopération, la coordination et la communication au niveau régional. Début mars, le Bureau régional de la FAO pour l’Asie et le Pacifique a organisé deux ateliers sur la coordination régionale de la réponse au tsunami dans les secteurs des pêches et des forêts (voir ci-dessous). Au niveau international, la FAO soutient une approche coordonnée par une participation à l’appel éclair des Nations Unies. Elle a également tenu au Siège deux réunions d’information des représentants permanents auprès de la FAO des pays donateurs et bénéficiaires.

6. La FAO joue aussi un rôle dans la collecte et la diffusion de l’information. Sur un site Internet elle fournit continuellement des données à jour sur son analyse de l’évolution de la situation et des secours (http://www.fao.org/tsunami). Par ailleurs, trois sites techniques sur le tsunami – pour l’agriculture, les pêches et les forêts – fournissent des informations plus détaillées.

7. La FAO a établi en outre un Atlas du tsunami, qui comprend des images satellites, des plans topographiques et thématiques et des statistiques (http://www.fao.org/tsunami/environment/maps.html). La préparation de cet Atlas est bien avancée pour l’Indonésie et le Sri Lanka et les travaux sont en cours pour les autres pays touchés.

8. Pour garantir la coordination interne de sa réponse au tsunami, la FAO a créé deux groupes spéciaux, aux plans technique et administratif, composés de tous les départements compétents, qui se réunissent régulièrement. Des audioconférences ont lieu chaque semaine entre le Siège et les représentations de la FAO en Indonésie, aux Maldives et au Sri Lanka ainsi qu’avec le Bureau régional pour l’Asie et le Pacifique à Bangkok. De plus, un groupe technique interdépartemental a été constitué pour promouvoir une approche coordonnée à la gestion intégrée des zones côtières.

Besoins et réponse du secteur forestier

Rôle du secteur forestier dans le relèvement et la reconstruction

9. Le rôle du secteur forestier dans le relèvement et la reconstruction est polyvalent. Il inclut les activités suivantes: améliorer la protection des côtes par la remise en état des forêts et le reboisement; répondre à l’énorme demande de produits ligneux pour la reconstruction des infrastructures et des bateaux en bois détruits; rétablir les moyens d’existence locaux et améliorer le bien-être en replantant des arbres dans les potagers; les systèmes agroforestiers et les zones communautaires/urbaines et en créant des emplois à court terme et protéger ces régions des attaques de ravageurs.

10. D’après les premières indications sur les changements du couvert végétal, 56 000 hectares de terres agricoles mixtes et de terroirs villageois, 11 000 hectares de forêts et de terres boisées, 9 000 hectares de terres urbaines et 4 400 hectares de plages auraient été dévastés par le tsunami.1 Des informations plus récentes, notamment l’évaluation immédiate de l’environnement effectuée par le PNUE pour sept pays2, indiquent que, au moins en ce qui concerne les ressources forestières, cette estimation serait trop modérée. De plus, les mangroves risquent de dépérir car les racines aériennes des arbres ont été couvertes de vase et les flux de drainage et de circulation des eaux ont été modifiés. Des études complémentaires et l’emploi de l’imagerie par télédétection sont nécessaires pour effectuer une évaluation plus exacte des dégâts subis par les forêts.

11. Les végétaux ligneux et les forêts touchés sont composés essentiellement de palmiers, d’espèces persistantes à feuilles larges et de mangroves. En outre, des plantations d’arbres urbaines et communautaires, des potagers et d’autres systèmes agroforestiers, des arbres fruitiers et des arbres décoratifs ainsi que des haies brise-vent ont été endommagés par le tsunami.

12. Ces dégâts ont une incidence directe et indirecte sur la population locale. Les forêts et les arbres apportent une contribution directe aux moyens de subsistance locaux car ils fournissent du bois et des produits forestiers ligneux, notamment du bois de construction, des produits ligneux et du chaume, des perches, du bois de feu, de la nourriture et des médicaments et une contribution indirecte en fournissant de l’ombre et un abri. De plus, les mangroves constituent des zones de frai et contiennent des nutriments pour les poissons et les coquillages et les forêts côtières abritent une grande variété de faune et de flore et ont un rôle important dans la protection des côtes. Les forêts et les arbres ont aussi un rôle essentiel dans les pays touchés qui vivent en grande partie du tourisme.

13. Compte tenu de l’importance accordée aux mangroves et aux autres végétations côtières, plusieurs gouvernements ont annoncé des plans de remise en état de vastes zones de mangroves et des activités de reboisement destinés à protéger les côtes. Les pays donateurs, les ONG et les organisations régionales et internationales ont déclaré qu’elles étaient prêtes à leur venir en aide. Il est important que les efforts soient bien coordonnés entre les différents intervenants. Il est nécessaire de bien planifier et exécuter les opérations, de disposer de bons intrants scientifiques, de technologies appropriées et surtout d’intrants locaux adéquats. Par ailleurs, il est essentiel que ces efforts soient entrepris dans le cadre plus vaste d’une gestion intégrée des zones côtières, bien coordonnée avec les activités de reconstruction dans le secteur des pêches, de l’aquaculture, de l’agriculture, du tourisme, du réseau routier et de l’infrastructure ainsi que des travaux connexes. La planification des ceintures vertes côtières – et de toutes les interventions dans les zones touchées – devra prendre en compte les plans d’installation existants, l’utilisation des terres, les besoins et les structures des moyens d’existence et les problèmes d’environnement durable. Les conflits dus à des intérêts concurrentiels pour l’utilisation des terres devront être surmontés.

14. Dans de nombreuses zones touchées, les habitations et les autres bâtiments, les installations portuaires et les infrastructures civiles ont subi de graves dégâts. Des milliers de bateaux, souvent en bois, ont été détruits. La reconstruction de l’infrastructure et la réparation ou la construction de bateaux en bois nécessiteront de grandes quantités de bois d’œuvre et d’autres produits ligneux. Un problème critique se pose à certains pays: comment répondre à la demande localisée de produits ligneux sans provoquer une surexploitation des ressources forestières, en appliquant des méthodes conformes aux politiques réglementant la foresterie et l’environnement. Les pays disposant de peu de ressources forestières devront importer la totalité ou presque des produits ligneux dont ils auront besoin. La récupération du bois dans les zones touchées devrait permettre de couvrir une partie des besoins en matière de reconstruction.

15. En attendant que leurs moyens d’existence soient rétablis, les populations des zones touchées auront besoin d’un travail et d’un revenu. La création de pépinières et les travaux de remise en état des forêts et de plantation d’arbres devraient permettre à certains endroits de créer des programmes de rémunération du travail en espèces. La remise en état des potagers familiaux et des autres systèmes agroforestiers et la plantation d’arbres destinés à divers usages devraient constituer une composante essentielle des programmes de reconstruction à moyen terme.

16. Un problème risque de se poser à court terme: la prolifération d’organismes nuisibles due aux grandes quantités de débris de bois. La récupération du bois et le nettoyage des débris permettront de réduire ce risque mais, si des infestations se déclarent, des mesures devront être prises.

Activités de la FAO à ce jour dans le secteur forestier

17. À ce jour, la FAO a entrepris diverses activités dans le domaine forestier, notamment la fourniture d’un soutien technique, la mise en place d’un programme de soutien aux pays touchés, la promotion de la coopération et la coordination entre les pays et les organisations qui fournissent une assistance et la collecte et la diffusion d’informations utiles.

18. Pour répondre aux besoins immédiats des populations victimes du tsunami, la FAO a centré son action essentiellement sur les secteurs des pêches et de l’agriculture, s’efforçant de rétablir rapidement les moyens d’existence des pêcheurs et des agriculteurs. (Il est intéressant de noter que certains travaux de reconstruction proposés dans ces secteurs englobent des activités forestières, par exemple la remise en état des mangroves et la création et l’entretien de pépinières forestières en tant qu’activité rémunératrice complémentaire). Pour faire face aux besoins immédiats d’assistance technique dans le secteur forestier, la FAO a envoyé récemment deux consultants en Indonésie, elle a chargé un forestier régional d’une mission au Sri Lanka et elle a contribué à l’élaboration d’une proposition de projet aux Seychelles. Elle s’attend à ce que de nouvelles demandes d’aide soient formulées avec la fin des opérations de secours et la mise en place du programme de reconstruction.

19. Une grande partie des interventions nécessaires dans ce secteur commenceront plus tard, dans le cadre de la phase de reconstruction, pourtant, la FAO a déjà commencé à définir les éléments de son programme d’assistance. Elle a mis en place le cadre général de son soutien aux efforts de reconstruction dans le secteur forestier sur la base des informations fournies par les fonctionnaires des bureaux des Représentants de la FAO et des équipes postées dans les pays touchés ainsi que de diverses autres sources. Ce programme sera défini plus précisément lorsque d’autres informations seront disponibles, lorsque les plans nationaux de reconstruction seront en place et lorsque des techniciens pourront être envoyés sur le terrain pour programmer les activités. Le principal objectif de la mission qui se trouve actuellement au Sri Lanka est de définir les grandes lignes du programme de la FAO en matière d’aide à la reconstruction du secteur forestier.

20. La FAO est en relation avec de nombreuses organisations régionales et internationales afin d’évaluer les besoins et les interventions nécessaires, dans le but de promouvoir une collaboration et une réponse coordonnée. À cet effet, le Bureau régional pour l’Asie et le Pacifique a convoqué un atelier de coordination régional à Bangkok les 7 et 8 mars, qui a réuni les interlocuteurs concernés par le travail d’évaluation et de remise en état de la foresterie après le tsunami. Une quarantaine de représentants des pays touchés, des organisations régionales et internationales, des ONG et des pays donateurs étaient présents. Les participants ont échangé des informations sur les effets du raz-de-marée sur les écosystèmes forestiers et les ressources forestières, ils ont planifié ensemble les mesures à adopter pour la remise en état et la reconstruction du secteur forestier et ils ont examiné des mécanismes de collaboration et d’action conjointe dans ce domaine pour toute la région. Le rapport de cette réunion sera publié sur le site Internet de la FAO (http://www.fao.org/forestry/index.jsp).

21. Le Département des forêts a ouvert un site Internet sur le tsunami (voir http://www.fao.org/forestry/tsunami) qui fournit des informations sur les questions de foresterie, des données nationales pour l’évaluation des besoins et les interventions nécessaires, des communiqués de presse et des coupures de journaux ainsi que des liens vers des informations techniques utiles.

Conclusions

22. Au moyen de ses propres fonds ainsi que des sommes collectées en réponse à l’appel éclair des Nations Unies, la FAO soutient activement les activités de secours et de redressement mises en œuvre dans les pays victimes du tsunami.

23. Immédiatement après la catastrophe, la FAO a fourni des secours pour rétablir les moyens d’existence dans les secteurs des pêches et de l’agriculture, elle a apporté un soutien technique et coordonné les activités en faveur des pays touchés et elle a recueilli et diffusé des informations.

24. Les informations relatives aux effets du tsunami sur les ressources forestières ainsi qu’aux problèmes connexes restent encore limitées et morcelées. Il n’a pas encore été possible d’évaluer de manière précise les besoins des secteurs forestiers dans les pays concernés. Il est important que ces évaluations soient effectuées dès que possible afin que les interventions dans le domaine forestier soient bien intégrées aux plans de reconstruction nationaux et aux programmes d’assistance technique et d’aide des donateurs. Les évaluations nécessiteront une coordination étroite entre les pays, les diverses institutions des Nations Unies et les autres partenaires.

25. La FAO a répondu aux demandes d’assistance technique dans ce domaine pour satisfaire les besoins immédiats dans le secteur forestier. Elle est prête à fournir un appui technique complémentaire aux pays pour planifier l’effort de redressement, élaborer des projets et assurer la coordination entre tous les interlocuteurs.

26. La FAO joue un rôle d’information important grâce aux communiqués de presse, à ses sites Internet sur le tsunami, à l’Atlas du tsunami, etc.

27. Des efforts considérables ont été déployés pour garantir la bonne coordination de la réponse de la FAO (au niveau international et au Siège, dans les régions et dans les pays et dans les différents départements de la FAO). Elle travaille en outre activement pour promouvoir une réponse coordonnée des organisations régionales et internationales, des ONG et des organismes donateurs, aux niveaux régional, national et international.

1 Centre de recherche conjointe de la Commission européenne. “Tsunami: cartographie des dégâts subis par le couvert végétal en Asie du Sud-Est.” 1er février 2005. http://www.jrc.cec.eu.int/

2 PNUE. “Évaluation immédiate de l’environnement après le tsunami”. 24 février 2005